Un cours d’eau naturel est en constante évolution au fil des saisons et des années. Il est soumis aux étiages (périodes de basses eaux), aux crues, et aux inondations. Un équilibre dynamique s’établit entre le débit solide (mouvement des sédiments), le débit liquide(déplacement de l’eau), la taille des matériaux transportés, les phénomènes de dépôts, de transport et d’érosion, tous ces facteurs conditionnant l’évolution morphologique du lit.
Ce dernier est remodelé en permanence, de façon plus ou moins importante en fonction de l’énergie transportée par l’eau, diversifiant ainsi les habitats et les espèces. Cette variabilité est depuis toujours un phénomène difficilement acceptable pour les sociétés humaines qui cherchent à s’en soustraire, car cela gêne certaines de leurs activités.
Fascinage des berges.
Diversification des écoulements, apport de blocs rocheux.
« Une rivière est comparable à un immeuble : plus il y a de logements, plus il y a d’habitants.»
Création de banquettes alternées.
De fait, l’homme a façonné les rivières selon ses besoins et ses perceptions visuelles. Dès le 8ème siècle déjà, les moines ont construit de nombreux moulins destinés à moudre le grain. Les premiers barrages hydroélectriques ont vu le jour à la fin du 19ème, et leur essor s’est confirmé tout au long du 20ème siècle. L’après-guerre a vu le début des travaux de remembrement et avec eux, les aménagements hydrauliques agricoles. Les cours d’eau tels que nous les connaissons aujourd’hui sont la résultante de toutes ces modifications opérées au fil des années, qu’elles soient à des fins agronomiques, énergétiques, touristiques ou de protection des inondations.
Aujourd’hui, les impacts de ces aménagements sur la qualité des milieux sont de plus en plus connus et ne laissent plus indifférents. Combinés à la dégradation généralisée de la qualité physico-chimique de l’eau, due aux pollutions urbaines, industrielles et agricoles, ils conduisent à une modification profonde de la composition des peuplements biologiques aquatiques, qui se traduit par leur appauvrissement et leur simplification.
Biologique:
Toute qualité et diversité d’habitat est annihilée. Les écoulements sont totalement homogènes, de même que la granulométrie du fond, et la forme des berges ; l’oxygénation est nettement affaiblie, entrainant l’absence des espèces les plus sensibles à ce paramètre.
Régime des eaux/quantité:
Les cours d’eau, incapables de ralentir le courant (rugosité du fond nulle), ni même de déborder, ne jouent plus le rôle de limitation des crues à l’aval ; au contraire, le courant est accéléré. Certaines annexes hydrauliques sont déconnectées, du fait de l’enfoncement du lit : des bras secondaires et autres zones humides se trouvent alors asséchées, perdant ainsi leur rôle hydrologique (limitation des crues, soutien d’étiage) et biologique initial.
Régime des eaux/qualité:
Le phénomène d’autoépuration, conditionné par des écoulements turbulents et une bonne oxygénation de l’eau, est lui aussi réduit à néant. Au contraire, si l’écoulement est lent, les phénomènes d’eutrophisation sont favorisés ; la présence de barrages accentue encore ce phénomène.
Épis en pieux.
Diversification des habitats (blocs et banquettes).
Les interventions permettront de diversifier les formes d’écoulement afin de retrouver une valeur écologique et un fonctionnement global satisfaisant.
Ainsi, des interventions douces et appropriées sur le lit des cours d’eau, en agissant directement sur les causes du dysfonctionnement (morphologie du lit, types de substrats présents), permettent d’éviter le colmatage des substrats constituant du lit de la rivière, et de favoriser la qualité de l’hydrosystème (diversification des faciès d’écoulement, amélioration de l’auto-épuration et de la qualité physique des habitats).
Le remodelage du lit d’étiage vise à restaurer une dynamique plus active qui permet également, à moyen terme, de créer des zones marginales en berge, qui favorisent la diversité des habitats et la présence de nombreuses espèces végétales et animales.